Curtis Young est américain. Il a grandi à Chicago et a vécu mille vies avant d’arriver en France, il y a presque 25 ans, et se sentir enfin chez lui. Une évidence qui lui a donné l’énergie de reprendre des études de français et d’histoire pour venir vivre ici. C’est l’histoire d’un Noir Américain tombé amoureux de la France, et qui reste néanmoins très lucide sur notre pays, ses rigidités, son refus de voir les couleurs, sa fascination pour les Noir.e.s s’iels sont américain.e.s. Mais plutôt que de regretter la fétichisation dont il fait l’objet, il a pris le parti d’en profiter – pour entamer une brillante quatrième carrière, et plus généralement pour vivre « a wonderful life ».Nous avons parlé ce sentiment très fort qu’il a éprouvé en arrivant en France par l’Eurostar (2’02), du regard qu’il porte sur son pays natal – heureux de s’y être construit, heureux de ne plus y vivre (3’10), des trois ans qu’il a passés au Japon comme espion pour l’armée américaine et qui lui ont fait découvrir une autre humanité (7’28), du sentiment de ne pas être chez soi et l’envie de voir plus grand (9’44), du racisme profondément ancré dans l’histoire et le fonctionnement des Etats-Unis, mais que l’on accepte de voir (11’21), d’une société française engluée dans son illusion universaliste mais qui lui offre des opportunités inédites (14’23), de la différence de statut entre Noir.e.s africain.e.s et Noir.e.s américain.e.s en France (15’43), de la contribution des Noir.e.s à la formation et la richesse des Etats-Unis (17’20), de l’identité comme carte de visite (19’07) !
Curtis Young
Sujets évoqués
avec Curtis
Le référence citées
dans l’épisode
Réalisation : Alexia Sena
Montage : Simon Vandendyck
Musique : Lowrider (by Joakim Karud)
- Curtis a donné à France 24 son analyse des événements autour de la mort de George Floyd (en anglais)
- Il a évoqué sa pratique bouddhiste et la amnière dont elle lui permet de se connecter différemment aux autres
- Au cours de ses nombreuses carrières, Curtis a été commercial pour le mythique magazine Ebony
- Nous avons parlé de trois autres Américains noirs qui ont trouvé à Paris un refuge (artfiiciel ?) contre la charge mentale raciale : Miles Davis, James Baldwin, Richard Wright. Une quête racontée différemment et plus près de nous par Abdel dans ce superbe documentaire du média Frictions
- Curtis a mené un projet sur l’histoire des soldats Afroaméricains en France pendant la Première guerre mondiale
- Il évoque pendant notre conversation l’adoption par le Congrès américain d’un nouveau jour férié pour célébrer la fin de l’esclavage, et dans le même temps une polémique fait rage dans l’état du Texas sur la manière de parler de l’esclavage à l’école